L'épine noire, qui s'y frotte s'y pique

L’épine noire (Prunus spinosa), aussi appelée prunier ou prunellier, se fait remarquer très tôt au printemps avec ses petites fleurs blanches odorantes, qui apparaissent avant les feuilles. Le nom d’épine noire fait référence à l’écorce gris noir luisante des vieux prunelliers. Son réseau racinaire est dense, ce qui la rend idéale pour les haies destinées à fixer les talus instables.

Ce petit arbuste forme souvent des fourrés denses et impénétrables avec ses branches très épineuses, lesquelles ont pour fonction de protéger ses feuilles de la dent de beaucoup d’herbivores… mais pas de tous ! En effet, les chèvres et les moutons peuvent s’y frotter (presque) sans s’y piquer, et donc les brouter, mais pas les bovins.

Une mal-aimée facilement envahissante

L’épine noire est un buisson sauvage dont les jeunes repousses envahissent parfois les pâturages ou les prairies sèches grâce à leurs racines traçantes (qui s’étendent horizontalement), sur lesquelles poussent des rejets. Et lorsque ses rejets ne sont pas grignotés, l'épine noire évince rapidement la végétation herbacée et la surface risque de se transformer petit à petit en forêt. Pour la conservation des pâturages ou des prairies sèches, si précieux pour la biodiversité, il est parfois nécessaire que les agriculteurs débroussaillent manuellement ces surfaces. Il s’agit alors de trouver un équilibre en maintenant dans les pâturages quelques îlots d’épine noire qui sont d’importants garde-mangers et lieux de reproduction pour les animaux.

Le gîte et le couvert

Les fourrés épineux permettent effectivement à des oiseaux comme la pie-grièche écorcheur d’y faire leur nid et d’empaler leurs proies sur les épines. Plusieurs espèces de papillons, comme le thécla du prunelier, pondent leurs œufs sur les branches des jeunes repousses. Bien que l’épine noire soit peu mellifère, son pollen et son nectar nourrissent abeilles sauvages, coléoptères, papillons et autres insectes. Les mammifères et les oiseaux se nourrissent en outre des fruits qui restent sur l’arbuste pendant l’hiver.

Gelée, compote, jus et liqueur

On peut utiliser les fruits du prunellier, appelées prunelles, pour en faire de la gelée, des compotes, des jus ou pour fabriquer de l’eau-de-vie ou de la liqueur. Si vous mangez une prunelle, vous aurez l’impression d’avoir la bouche très sèche, car les fruits sont très riches en tanins. Il faut attendre les premières gelées, en automne, pour que les prunelles deviennent comestibles pour les humains, mais elles gardent toujours un goût très acide, c’est pourquoi on les consomme plutôt transformées.