L’alouette lulu, mélodieuse sentinelle des crêtes

On ne saurait mieux présenter l’alouette lulu que par son chant mélodieux audible dès le mois de février au retour de migration de ce passereau. La douce mélodie émise parfois en vol ou du sommet d’un arbre alterne avec d’élégantes phrases à la tonalité majeure « diludiludilu » puis mineur et descendantes « lulululu ». La beauté et la subtilité de ce chant ont même valu à Lullula Arborea d’être repris par le compositeur Olivier Messien dans son œuvre pour piano « Catalogue d’oiseaux ».

La « lulu », comme on aime la surnommer dans les milieux naturalistes, affectionne les milieux semi-ouverts, structurés et présentant une mosaïque de milieux alternant des herbages épars, des surfaces de sol nu et des arbres. Dans la région, on la retrouve typiquement sur les crêtes à plus de 1000 mètres d’altitude, dans les pâturages boisés de qualité maintenus par une agriculture extensive.

Des nids à même le sol

L’alouette lulu, à l’instar du pipit des arbres et de l’alouette des champs, est une espèce nichant à même le sol. Constitué de brins d’herbe secs, le nid est dissimulé dans la végétation, tout juste protégé du soleil direct. Lors de la période de couvaison, il est possible de voir des adultes s’envoler du nid en lançant des cris d’alerte afin d’attirer un potentiel prédateur hors de portée du nid.

Au printemps, dès que les conditions sont suffisamment clémentes, on peut entendre le chant des mâles sur les crêtes alors que les taches de neige sont encore présentes. Des couples peuvent se former très rapidement, si bien qu’en cas de retour de la neige, ces oiseaux n’auront d’autre choix que de redescendre en basse altitude en attendant le prochain redoux et la fonte de la neige qui leur permettra de rejoindre les crêtes pour y entamer la nidification.

Des suivis réguliers dans le Parc Chasseral depuis 2017

Cette espèce migratrice passe les hivers dans la ceinture méditerranéenne avant de coloniser toute l’Europe jusqu’au sud des pays nordiques et la chaîne de l’Oural. Sous nos latitudes, ses effectifs ont drastiquement diminué dans les années 1990 avant de se stabiliser et même d’inverser la tendance et marquer une nette augmentation depuis le milieu des années 2010.

Dans le Parc Chasseral, cette tendance est similaire. Après un comptage initial en 2006, des suivis réguliers sont réalisés depuis 2017 afin de suivre au plus près l’évolution de cette espèce considérée comme vulnérable sur la liste rouge des oiseaux de Suisse. Les recensements annuels et périodiques, réalisés en partenariat avec la station ornithologique de Sempach, sont essentiels pour mesurer l’état de santé des populations. Ces informations sont indispensables pour conseiller les exploitants et propriétaires afin de mettre en place des mesures favorables pour l’espèce telles que la mise en place de tas de pierres, le maintien de surface de sol nu et la pratique d’une exploitation extensive des pâturages.

Plus d’information sur l’alouette lulu sur la page de la Station ornithologique suisse.

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