En plaine, le hêtre est souvent mélangé au chêne, alors qu’en montagne, c’est à l’épicéa et au sapin blanc qu’il se mélange pour former des forêts mixtes qu’on appelle hêtraies à sapins. En Suisse, il pousse de 400 à 1400 mètres d’altitude (voire 1700 mètres au sud des Alpes).
DES ARBRES PLEINS DE VIE
Certains hêtres possèdent de petites structures fournissant des micro-habitats qui abritent de nombreuses espèces spécialisées tels que des insectes, des chauves-souris, des oiseaux ou même des mammifères comme les martres. Souvent vieux et de grand diamètre, ces « arbres-habitats » sont primordiaux pour la biodiversité en forêt. Les hêtres d’au moins 40 cm de diamètre et peu branchus offrent par exemple un lieu de vie idéal pour le pic noir, qui y creuse son nid. Il en creuse souvent plusieurs par année, sans les occuper tous. Ces cavités, très précieuses, feront le bonheur de la chouette de Tengmalm, par exemple. Elle y installera son nid et y pondra ses œufs.
RECENSER, MARQUER ET CONSERVER
Afin de préserver ces hêtraies riches en biodiversité, le Parc Chasseral réalise des relevés de ces arbres-habitats qui sont mis à disposition des services forestiers cantonaux. Ces derniers proposent une indemnisation aux propriétaires de forêts (bourgeoisies, communes, privés) qui décideraient de laisser certains arbres-habitats sur pied au lieu de les couper et d’en vendre le bois. Grâce au marquage d’un «H » bleu, ces arbres-habitats sont préservés de l’abattage, tout en permettant l’exploitation des arbres voisins.
HÊTRAIE, KESAKO ?
Une hêtraie est un type de forêt dominé par le hêtre associé suivant les cas à différents feuillus comme le charme et le chêne, le frêne ou à des conifères à plus haute altitude. Au printemps, de nombreuses espèces de plantes herbacées percent la couche de feuilles mortes pour fleurir entre mars et avril, telles l’anémone des bois, l’hépatique à trois lobes, l’ail des ours ou encore la jonquille, caractéristique dans les pâturages ou les forêts claires de feuillus de l’étage montagnard. Ces plantes fleurissent rapidement, car elles ont accumulé des réserves dans leurs bulbes, leur permettant de passer la mauvaise saison enfouis dans le sol, d’où leur nom de géophytes. Plus tard dans la saison, lorsque les feuilles de hêtres sont pleinement ouvertes, la strate herbacée est beaucoup moins abondante et on parle parfois de « hêtraies cathédrales » pour décrire ces forêts ombragées de grands hêtres au tronc droit.
UN BOIS DE QUALITE SOUS-EXPLOITE
Dur, flexible et facile à fendre, le bois de hêtre est surtout utilisé comme bois de chauffage, car il brûle longtemps et doucement. D’excellente qualité pour les bâtiments et la menuiserie, le hêtre est encore trop peu utilisé, car sa transformation est plus coûteuse et nécessite un outillage adapté dans les scieries.
Saviez-vous que la plupart des traverses des chemins de fer sont en hêtre ? Pour les traverses spéciales, comme aux points d'aiguillage ou sur des tronçons courbés, c’est toutefois le chêne qui est favorisé. Plus robuste, il se déforme peu. Les traverses en bois ont l’avantage de mieux amortir les vibrations et nécessitent une couche de ballast moins épaisse que celles en béton ou en acier.